Jules Supervielle - Un poeta

   
      
     
       
No siempre voy solo al fondo de mí mismo,
Pues arrastro connmigo a más de un ser viviente.
¿Piensan quienes entran en mis frías cavernas
Que lograrán salir tan siquiera un instante?
Como al hundirse el barco, en mi noche amontono,
Revueltos, a la tripulación y a los pasajeros,
Y en los camarotes les apago la luz de los ojos,
De los grandes abismos hago yo mis amigos.





Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même
Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.
Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes
Sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment?
J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre,
Pêle-mêle, les passagers et les marins,
Et j'eteins la lumière aux yeux, dans les cabines,
Je me fais des amis des grandes profondeurs.



Jules Supervielle, Vivir y quehacer del poeta, trad. Ramón Puig de la Bellacasa, Pre-Textos, 2009